« Chaque année en mai, juin, juillet, août et septembre, il ne se passe guère de dimanche où l’on ne marche dans un ou plusieurs villages d’Entre-Sambre-et-Meuse. Les tambours bourdonnent alors dans les sentines embaumées par le chèvrefeuille; le sifflet du combat, devenu pacifique roseau, semble répondre au joyeux chant des alouettes; l’odeur de la poudre envahit la campagne, se mêlant à l’épaisse senteur des étables et au subtil parfum des foins coupés. D’étranges combattants prennent possession des prés vallonnés, où les uniformes jettent, dans la lumière de l’été, des éclaboussures d’or, et composent, sur le fond vert de l’herbe grasse, un spectacle d’une impressionnante beauté. Tout cela sous une véritable débauche de tambours, de fifres, de fanfares, au milieu du tintamarre des décharges de mousqueterie, et dans une atmosphère caractéristique de grosse ducasse wallonne, gaillarde et saine. Qui n’a pas vu cela, s’est privé jusqu’ici d’une des plus pures émotions qui soient… »
Historique:
Les Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse trouvent leurs origines dans les processions de croix banales du moyen-âge. Celles-ci avaient lieu dans l’octave de la Pentecôte et étaient destinées à rendre hommage et à permettre de verser l’obole à l’abbaye suzeraine voisine dont dépendait le clergé.
L’escorte militaire qui les accompagnait avait pour but d’en rehausser l’éclat mais aussi de préserver les pèlerins contre les bandes de malfrats qui rôdaient à cette époque dans nos contrées. Ces compagnies spéciales d’archers et arbalétriers que l’on appelait « serments » furent les ancêtres des marcheurs.
Les uniformes que nos aïeux portaient ont bien évolué au cours des temps et les Marches ont connu des hauts et des bas. C’est dans le courant du 18ème siècle qu’une crise importante frappa nos Marches car de plus en plus ces cérémonies devenaient un prétexte pour s’amuser et tourner le religieux en dérision, ce qui ne plut pas au clergé qui interdit ces manifestations.
Les coutumes reprendront en 1802 après le concordat signé entre Napoléon Ier et le Pape Pie VII. C’est à ce moment que les Marches prirent un nouvel essor et devinrent des escortes militaires.
En ce qui concerne les costumes adoptés dans nos manifestations aujourd’hui, ils sont du premier et du second empire. A ce sujet, il est certain que l’on a d’abord marché en premier empire car de nombreuses défroques de l’armée de Napoléon étaient disponibles dans nos régions. Ces uniformes se dégradant, nos Marcheurs ont adoptés les costumes militaires de l’époque qui a immédiatement suivi, c’est-à-dire les uniformes que l’on appelle du second empire mais qui sont pour la plupart des uniformes de notre première armée belge de 1830 et des uniformes de la garde civique de 1850. Aujourd’hui, on peut rencontrer ces deux types de costumes dans nos Compagnies.
Le Musée des Marches:
Dans un magnifique bâtiment mis à disposition par l’Administration Communale de Gerpinnes, depuis son inauguration en 1986, le musée propose à ses visiteurs des collections d’objets anciens et actuels ayant trait aux Marches: bibliothèque de manuscrits, articles, mémoires, uniformes, instruments de musique, livres, photos, films, vidéos,…
Notre objectif est de promouvoir l’étude et la diffusion des connaissances relatives à l’histoire des Marches Folkloriques. Chaque salle du Musée fait découvrir aux visiteurs un thème de notre folklore: archives de l’Association Royale des Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse, costumes du Second Empire et documents photographiques au rez-de-chaussée; costumes du Premier Empire, vieux drapeaux, oeuvres d’art, jeunes marcheurs et musiques des Marches au premier étage. Le musée est géré par une équipe de bénévoles qui se tiennent à votre entière disposition.